Château Les Carmes Haut-Brion 2024

Yves Beck : "52 % de grappes entières pour Carmes 2024. Robe rouge grenat profond aux reflets pourpres. D’entrée, le bouquet affiche de la profondeur et de la subtilité. Il révèle des nuances poivrées, des pivoines, une touche d’eucalyptus et des parfums de myrtilles puis, finalement, un soupçon de bois frais qui fait partie intégrante du caractère olfactif. L’énergie annoncée par le bouquet est fidèlement reflétée en bouche. L’attaque juteuse et friande ouvre la voie à un vin puissant, mené par des tannins compacts, précis, efficaces et poudrés. Ils se révèlent tardivement et génèrent une subtile austérité qui apporte de la fraîcheur, du juteux et de la persistance, suivis d’une touche gourmande en finale. Un vin qui performe autant dans les détails que dans la puissance. Il fait dans la dentelle tout en revendiquant ses aptitudes dédiées à l’haltérophilie. Il marche sur un fil, à l’image d’un funambule musclé, incisif, linéaire et, surtout, serein. L’équilibre, l’authenticité et la persistance : Carmes Haut-Brion!"

James Suckling : "This is always an idiosyncratic wine. This year it’s stunning, with a unique floral aspect and excellent depth of pure blue fruit, mulberries, dried herbs and white pepper. So juicy and mouthwatering on the palate, with a medium to full body and fine tannins. There is a crystalized mouthfeel, but the tannins are fresh and well knit. This is already delicious, which indicates its superb balance. 48% cabernet franc, 29% cabernet sauvignon and 23% merlot."

Cette année-là… Il fallait avoir un peu de bouteille. Négocier l’épreuve sur la longueur. Avec patience et sang froid.
Il pleut, pleut, pleut beaucoup. D’octobre à octobre, 1400 mm d’eau tombée du ciel. La plante est saturée en surface. Le vigneron se fait marathonien lorsqu’il intègre que la météo va transformer le millésime de précoce en tardif. Et que chaque jour amène à la fois une difficulté et une opportunité. Il faudra dans cette adversité, toutes les envisager, toutes les saisir.
L’hétérogénéité de la récolte qui se présente est un levier. Les derniers kilomètres seront décisifs : c’est là que nous irons chercher chaque grappe, dans chaque parcelle, cueillie et assumée dans sa fragilité.
Au chai, les techniques de tri se cumulent, la sélection est sans concession, privilégiant la maturité de chaque baie, l’expression de chaque lieu. Avec les grappes entières, nous gagnons en texture, sucrosité, fraîcheur.
Les phases d’élevage puis d’assemblages visent à gagner en épaisseur sans perdre l’aromatique, des choix de construction des vins qui se fondent sur les amers. Nous nous accrochons à la noblesse de cette palette, la digestibilité qu’elle confère aux vins, grâce à des tanins qui agissent comme exhausteurs des arômes et de la chair du fruit.

S’il était une forme, il serait losange;
entrée compacte, prenant du galbe,
se recentrant. Nez cerise noire,
crème de cassis. Évocation de pinède, résine,
fumée. Entre fleur et racine, le bulbe d’iris,
la violette. Et à la fin, la pointe saline.

Dates de vendange : du 17 au 27 septembre 2024
Grappes entières : 52%
Élevages (en cours) : 70% barriques neuves, 19% foudres de 18hl, 11% amphores.

Équilibre, tension et harmonie. La beauté est souvent là par miracle, dans un équilibre, un fil tendu entre deux abîmes. Entre deux silences, entre deux nuages, entre deux gestes : « Marcher sur un fil, ce n’est pas défier la chute, c’est dialoguer avec elle. Chaque pas est une négociation entre le vide et la volonté » (Philippe Petit, To reach the clouds). Être vigneron, comme être funambule. En quête d’équilibres, ceux du dehors, de la vigne confrontée au temps qu’il fait, ceux du dedans, de la structure et de l’enchaînement que l’on peut rechercher pour un vin.

D’après les échanges autour d’une dégustation avec Guillaume Pouthier et Guillaume Deschepper. Échantillons primeurs-février 2025.